Re: Swift trawler 34
Le post de Cleval est intéressant puisqu'il a l'expérience de convoyages de nombreux types de bateaux de types différents. Ce type de témoignage évite les: "j'ai le meilleur bateau du monde, puisque c'est le mien". C'est pour ça que je n'ai pas parlé de son comportement en mer.
Mais je me lance: septembre 2011, le bateau est au Hâvre et moi chez moi. Annonce de coup de vent d'ouest. J'appelle le port et leur demande s'ils veulent bien doubler mes amarres, et je leur indique où se trouvent les amarres supplémentaires. Réponse merveilleuse: "on est là pour ça, on y va, rappelez dans une demi-heure pour prendre des nouvelles". Avec un service pareil, la place de port à la journée n'est plus chère du tout!
Le lendemain, je décide de venir voir seul en train (Madame n'aime pas le mauvais temps). J'arrive à 17h. L'amarrage doublé a été fait dans les règles de l'art. Il faut avancer avec prudence sur les pontons. Le bateau est au ponton "O" cap à l'est: c'est à dire qu'il est à 130 mètres d'eau libre de la digue nord, laquelle prend la grande houle d'ouest plein pot par le travers. L'écume monte haut dans le ciel au dessus de la digue. Le tableau arrière et toute la surface des trois panneaux de la baie vitrée sont couverts d'épinards hachés fin venant des algues arrachées par les vagues à l'empierrement de la digue.
Beaucoup de bateaux voisins sont malmenés du fait de cette habitude désastreuse d'utiliser de vieilles drisses ou écoutes comme amarres: sans aucune élasticité elles claquent et arrachent les taquets.
Nuit à bord: un bruit si fort que je pense que c'est la fin de l'aventure me réveille en sursaut. Tour du bateau: rien. Je suis trempé. Ca recommence plusieurs fois: je trouve: le vent est tel que s'engouffrant dans le cockpit il soulève l'assez lourde trappe d'accès au fly bridge, trappe qui reste présente sur les ST34S (sans fly). Un bout de la poignée vers le taquet, c'est réglé. Anecdote pour donner une idée des rafales.
Le lendemain, le vent à faibli le baro remonte, le vent diminue
Si je m'en tiens à mon axiome "s'il fait mauvais je reste au port", je ne saurai jamais. Mon expérience de ce bateau (mon premier à moteur) est: Les Sables d'Olonne d 'avril 2011 au Hâvre septembre de la même année.
Le BMS est maintenu, la digue nord est toujours absolument inaccessible à pied, mais de l'enracinement on voit bien l'état de la mer.
Je préviens le port de mon idée de sortir en solo et de remonter la Seine vers Rouen. C'est marée basse, le flot me poussera. On convient que si je fais demi-tour ils m'accueilleront à une place face au vent. A marée basse et bon coeff. la passe entre digue nord et digue principale a l'air minuscule. Alors que toutes les manœuvres se font au régime ralenti dans 98% des cas, là de sérieux coups de gaz sont nécessaires. Adrénaline. Dès la sortie du port, route au 286, les vagues qui frappent l'étrave passent par dessus le bateau. le bateau garde bien le cap au pilote auto face au vent et à la houle. La visi est faible, les essuie-glaces sont dépassés alors que la visi météo est supérieure à 10NM. Impossible de rejoindre le chenal de la Seine en route directe car ça déferle de chaque côté du chenal et il me faut continuer en faisant ouest à plus d'un mille à l'ouest de la bouée N°2 du chenal de la Seine. La partie cap au sud vers le chenal de la Seine est rassurant: pas de roulis entretenu pas de coups de gîte excessifs. Cependant les équipets de la cuisine sont vidés avec un peu de casse, et je ne sais plus où me tenir. Cap à l'est dans la Seine vent arrière. Ouf. Le chenal ne fait que 200m de large, et les plaisanciers sont censés naviguer au nord, hors du chenal. A droite (au sud) il y a une digue, c'est absolument chaotique; à gauche, (au nord) où je devrais être ça déferle. Quand je me décide à y aller, les déferlantes ont déjà diminué. Ca gronde, et au moment où je pense que le cockpit va être envahi, l'arrière soulage joliment. Dommage, j'aurais dû essayer quand les déferlantes étaient plus fortes puisque je suis sorti pour ça.
Bilan, j'ai depuis installé des sandows devant les rangements de la cuisine et une sérieuse main-courante à gauche du tableau de bord. Plus jamais eu d'ennui.
Je suis maintenant bien rassuré sur les capacités du bateau, mais ne perdons pas de vue que ce type de bateau, même ceux homologués en catégories A sont beaucoup trop vitrés selon moi pour affronter des coups de chien où un voilier de même taille n'encourrerait aucun risque.
Mais avantage sur le voilier: toute cette expérience à l'intérieur, au chaud, au sec, sans avoir à manoeuvrer sur le pont.
Une autre expérience délibérée devant Calvi, à la pointe de la Revelata. Pour ne pas faire demi-tour vers Girolata d'où nous venions (3,5 heures de nav) nous avons décidé de passer les 30 minutes difficiles avant Calvi: la mer était si courte qu'il n'y avait plus d'eau au sommet des vagues: l'hélice sortait de l'eau et le bateau tapait fort, à avoir mal pour lui. Le moteur bien régulé par l'électronique ne s'emballait pas. Mais la route directe ensuite vers Calvi par mer de travers s'est révélée intenable. Nous avons dû"tirer un bord" presque jusqu'au bout de la baie pour revenir au portant.
Allez, bon vent.
Caracol
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